VSL et Viabilité économique :
ou l’art de baisser les exigences qualitatives

Pourquoi une telle densité ? Rappelons que plus la densité est élevée, plus l’épaisseur du feuillage est faible. À partir de trois épaisseurs, une feuille consomme autant pour sa physiologie qu’elle ne produit de sucre, ce qui explique le système à 10 000 pieds. La qualité d’une vigne plantée à 10 000 pieds est donc très nettement supérieure à celle plantée à 5000 pieds. De très nombreuses études le démontrent depuis fort longtemps. Évidemment, il est plus cher de planter et d’entretenir un vignoble à 10 000 pieds qu’à 5000. Le choix de la densité de plantation, un critère essentiel car il influe pendant de très longues années, dépend très largement de l’objectif de production. Pour un grand cru classé de Bordeaux et même pour un cru bourgeois, pour une appellation village en côte de Nuits ou en côte de Beaune et même en côte chalonnaise, la question ne se pose pas. La haute densité s’impose.

En Italie, l’appellation d’effervescent Franciacorta est confrontée à la terrible concurrence des effervescents à bas prix de Prosecco. Comme sa seule solution est de monter en qualité, tous les producteurs passent leur vignoble de la densité traditionnelle de 4000 pieds à 10 000. Un exemple à méditer, d’autant que Franciacorta s’est déjà donné des objectifs élevés pour son haut de gamme avec pour le Riserva un vieillissement sur lies d’au moins soixante mois.

Pendant ce temps, alors que la région Champagne bénéficie de cet avantage concurrentiel par son historique et de son ambition d’élaborer un effervescent de haut vol. Quelle erreur de baisser la densité de plantation pour baisser leurs coûts de production ! La haute réputation du champagne dépend très largement de cette haute densité de plantation.

Le choix de VSL avec des densités simplement supérieures à 4500 pieds/hectare est l’exemple type de la fausse bonne idée, car il faudrait en même temps pour ne pas dégrader la qualité, baisser les rendements qui sont, rappelons-le, nettement plus élevés qu’ailleurs et ne sont pas pour rien à l’économie somme toute florissante de la région. Étrangement personne ne parle de toucher aux points des rendements ou de les différencier par des appellations différentes.

Diviser la densité de plantation par deux sans rien toucher par ailleurs paraît très attractif à court terme pour le coût de production. Pourtant, clairement, ce n’est pas la solution parfaite pour lutter contre le changement climatique, loin de là. Elle n’est pas non plus la réponse pour l’enjeu environnemental de la Champagne qui est le grand défi des années à venir.

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