VSL et Mode de production :
ou l’art de meurtrir le coeur de cahiers des charges historiques

Premièrement, l’étude des modes de productions représente une grande partie de l’expérimentation menée. Il est intéressant de quantifier les différents éléments selon les types de culture. Cependant le contexte parait totalement dépassé par rapport à l’évolution de la Champagne, du Climat et des attentes sociétales. Au début des essais, la viticulture champenoise était globalement différente de celle d’aujourd’hui. L’arrêt des herbicides, la concurrence avec l’enherbement, la maturité du vignoble, les nouvelles conditions météorologiques et les demandes de la société, sont désormais des éléments à prendre en considération.

Deuxièmement, l’expérimentation des VSL ayant été conduites en désherbage chimique et enherbement de l’inter-rang alors même que l’ODG avait annoncé l’arrêt des herbicides pour 2025, il est légitime de s’interroger sur la corrélation entre VSL et usage d’herbicides. A ce jour, dans la culture de la vigne Référente, le désherbage mécanique est de plus en plus répandu. Malheureusement ce rapport ne parle pas de la réalité pratique lié à ce type de désherbage, mais fait la part belle à l’usage des herbicides chimiques.

De plus, l’expérimentation a obligé les modalités VSL a gardé l’inter-rang enherbé. Le changement proposé du cahier des charges ne l’oblige pas du tout, excepté 63 jours/365j mais comme pour toutes modalités, REF et VSL. En effet, un seul site expérimental, sur les 17 que compte l’étude, a travaillé uniquement sans herbicide chimique. Il est donc impossible de s’appuyer sur ce cas isolé pour en tirer une quelconque conclusion tangible pour demain. Tout comme il est inefficient de tenter de convaincre quiconque de l’intérêt des VSL dans l’objectif du plan Zero Herbicide 2025, sous peine d’être dénoncé de Green-Washing.

Les rendements sont revus à la baisse depuis plusieurs années, et il peut apparaitre donc logique de vouloir une quantité potentielle moindre par hectare. Or, nous savons pertinemment que les trois principaux cépages ne se comportent pas de la même manière en termes de rendement agronomique potentiel.

Anticipons les aléas de demain tout en palliant ceux qui existent déjà aujourd’hui. Travaillons nos vignes de sorte à obtenir un potentiel plus important au début de la saison afin d’arriver à un rendement cohérent à la vendange. Pour ce faire, il convient de prendre en considération les pertes causées par les différents incidents liés au réchauffement climatique, comme le gel, la grêle et l’échaudage pour ne citer qu’eux. Le Meunier est le cépage qui est le plus exigeant concernant les rendements et l’obtention d’une bonne qualité et maturité. Il apparaît irréaliste de croire qu’un système type VSL planté en Meunier puisse avoir des rendements moyen corrects – tels que nous connaissons : entre 7 000 et 13 000 kg / ha – sur une durée d’une quarantaine d’années. Il serait dangereux pour la Champagne, sa diversité et durabilité que le système VSL ne bénéficie qu’au cépage Chardonnay.

Les modes de taille légiféré en Champagne (surtout la taille dite Chablis) sont un atout majeur pour éviter les maladies du bois (Esca, Black dead Arm ) grâce à un système de rajeunissement des charpentes qui permet une circulation importante et un bon flux de la sève.

A propos de la mortalité des pieds, nous devons évoquer alors le point du cahier des charges sur les manquants. Un seul pourcentage de 20% pour toutes les densités provoquerait une distorsion de concurrence entre les acteurs choisissant différentes modalités pour obtenir le calcul de rendement, puisque les pieds n’ont pas les mêmes charges de raisins potentiels. Il faudrait réadapter ces éléments sous peine d’incohérence.

Comme le démontre cette expérimentation, la taille Guyot est le seul système de taille adaptable au vignoble installé en VSL. Le temps d’expérimentation très faible sur la vigne en conduite VSL, avec un guyot arqué n’a cependant pas encore permis de constater l’augmentation de la mortalité liée aux maladies du bois. Ce qui, là encore, ne reflète pas la réalité. En effet, il s’avère que la plupart des vignobles qui travaillent de cette manière ont de graves soucis de maladies du bois. A titre d’exemple, sur le vignoble Sancerrois, on constate environ 5 % de pieds morts par an par une systématisation de la taille Guyot. Cela signifie également, que ces ratios de pertes n’ont pas été intégré dans le calcul de durabilité de la vie du vignoble planté en VSL comparé au vignoble planté en vigne Référente.

Au regard du rendement productiviste attendu dans les plantations type VSL, la durée de ce mode de production nous paraît faible. Cette attente démesurée par rapport au nombre de pieds à l’hectare entrainera systématiquement un vieillissement prématuré des pieds de vignes. Alors qu’avec le modèle Référent et actuel, nous sommes dans la capacité de maintenir les pieds de vignes en bonne forme, et avec un rendement acceptable et rentable, pour une durée allant bien au-delà de 60 ans.

L’enracinement en profondeur, notamment dans la craie – véritable préservateur d’humidité et de matière minérale pour la vigueur et la santé de la plante – est indispensable. Avec une densité divisée par deux, nous sommes certains que nous ne profiterons plus des bénéfices, et de la qualité de nos sous-sols crayeux, qui perdront toute leur valeur et leur efficience.

Enfin, évoquons la question centrale de la densité dans le vignoble Champenois.

D’une part, si l’on se réfère au cahier des charges actuel, il est d’ores et déjà possible de baisser la densité de plantation en laissant plus d’espace et d’aération entre les rangs, jusqu’à 1,5 mètres entre rang. Mais il n’existe malheureusement aucune étude sur ces densités déjà existantes, pour lesquelles nous ne disposons ni d’aucune information sur le nombre de vignes plantées comme telles dans l’aire d’AOC Champagne, ni de quelconques retours de la part des vignerons ayant opté pour ce mode de conduite cultural. Pourquoi ?

D’autre part, concernant la variation de l’écartement entre les pieds, aucune expérimentation n’a été conduite ou agrée dans l’optique de réduire cet écart entres les ceps sur un même rang. La proposition qui nous ait faite évoque un passage de 0,90m à 0,70m, mais cette dernière n’a fait état d’aucun argumentaire rendu publique dans un rapport de travail. Elle ne peut donc pas être dûment validée.

Nous sommes toutefois disposés à proposer des vignes à l’expérimentation, afin de faire les choses dans les règles de l’art…

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